« Dans la lecture, l’amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d’amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c’est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu’à regret. …L’atmosphère de cette pure amitié est le silence… »
Marcel Proust, Journées de lecture, 1905-1907
C’est avec cette citation que notre Présidente Zoya Arrignon nous accueille et ouvre notre dernier déjeuner littéraire avant l’été. Nous avons le plaisir de recevoir Madame Dosithée Yeatman-Berthelot qui est venue accompagnée de son époux.

Elle est éditrice et ornithologue et membre du conseil d’administration de la Société d’Etudes Ornithologiques de France. Elle est l’arrière arrière-petite-fille du célèbre Gustave Eiffel, celui qui a construit et donné son nom à la fameuse tour du Champ de Mars à Paris, un des symboles de la France dans le monde. Elle est également membre de l’Association des Descendants de Gustave Eiffel (ADGE) créée en 1995. Cette association est présidée actuellement par son fils Olivier Berthelot-Eiffel.
Aujourd’hui, elle vient nous présenter, les souvenirs de sa grand-mère Madeleine Yeatman.
Il y a quelques années, elle a pris connaissance avec un grand intérêt et un certain amusement, d’une quarantaine de cahiers d’écolier remplis de l’écriture si reconnaissable de sa grand-mère qu’elle avait bien connue dans son enfance. Elle a ainsi rassemblé et publié les souvenirs de sa grand-mère aux éditions Cyrano en 2019 sous le titre de « Madeleine Yeatman – Souvenirs de la Belle Epoque ».

Madeleine Adam épouse Yeatman (1873-1955) née à Boulogne-sur-Mer dans la famille d’Hippolyte Adam, dirigeant de la banque familiale Adam, maire d’Outreau de 1880 à 1884, administrateur des chemins de fer et de Marie Perrochaud, nièce de Paul Perrochaud, fondateur de l’hôpital de Berck.
Elle passe avec ses sœurs sa jeunesse sur une Côte d’Opale qu’elle décrit avec tendresse, vécut très tôt les mois d’hiver à Paris, fréquentant avec ses parents les salons littéraires, artistiques et musicaux.de la Belle Époque, découvrant Anatole France, écoutant Reynaldo Hahn, rencontrant Renoir, à qui il sera demandé de faire son portrait (portrait de la couverture du livre). Elle épousa, en 1899, Léon Yeatman, avocat, grand ami de Marcel Proust. Son père est américain et sa mère bourguignonne.

Ensemble ils côtoient, dans le tourbillon des salons, dîners, bals et spectacles, le Tout-Paris de cette Belle Époque, gens du monde, écrivains, peintres et musiciens célèbres, certains intimes de ses parents et de son mari. Jacques-Émile Blanche et Marie Laurencin feront le portrait de leurs enfants.
Madeleine Yeatman commence à écrire ces cahiers alors qu’approche la seconde guerre mondiale, pour se remémorer les années heureuses de sa vie. Avec drôlerie, à la fois sévère et indulgente, elle y brosse les portraits libres et percutants, souvent agrémentés d’anecdotes amusantes, de ceux et celles qu’elle a côtoyés durant ces années déjà lointaines.
Ces souvenirs restituent le mode de vie, aujourd’hui disparu, d’une société toujours présente par ses écrits, ses œuvres, ses pensées et qui n’a pas cessé de faire rêver.
