Remise de la Médaille d’Or du Rayonnement Culturel à Monsieur René DUCOURANT le 25 avril 2017.

Les vitraux « Cantiques de Saint-Léger de Gosnay » :

leur auteur, René Ducourant, distingué par La Renaissance Française

Mardi 25 avril 2017, Eglise Saint-Léger de Gosnay,

Photographie : René et Bernadette DUCOURANT

Le jour de son anniversaire, le célèbre artiste-peintre de notre belle région, René DUCOURANT  a  reçu  la  Médaille  d’Or  du  Rayonnement  Culturel  de  La  Renaissance Française en récompense de son engagement pour la préservation et la promotion de la culture et du patrimoine de notre belle région. C’est à lui que nous devons la renaissance de l’église de Gosnay ; c’est à lui que nous devons les magnifiques vitraux ‘’Les Cantiques de St Léger de Gosnay’’.

En ce jour ensoleillé du printemps, l’église était remplie de lumière, de chaleur, de bonté et de musique. Les magnifiques vitraux jubilaient avec nous la distinction de M. Ducourant. C’était un jour d’union de l’Eglise et de la République comme le montre les personnalités présentes : Mgr Jean-Paul JAEGER, Evêque d’Aras, Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer, Président de la Commission Diocésaine d’Art Sacré, M. Alain WACHEUX, Président de la Communauté d’Agglomération de Béthune-Bruay, Artois Lys Romane, Madame Virginie SOUILLART, Maire    de   Gosnay,    M. Bernard   MONCHY, Président de l’Association Culturelle Patrimoniale de Gosnay . C’était l’union de l’art sacré et de la musique : les 2 belles pièces d’orgue et de violoncelle ont été interprétées par Bernard HEDIN et Fabrice BIHAN en l’honneur du récipiendaire et des invités.

Extraits du discours de M. René DUCOURANT qui tracent la vie unique de cet homme d’exception :

…. Merci à La Renaissance Française pour cette distinction qui m’honore et honore le travail accompli pour l’Art et la défense du Patrimoine dans cette église qui était vouée à la ruine. L’architecte avait dit en effet : « Si l’on ne faisait rien pour cette église, dans 40 ans au maximum, elle s’écroulerait toute seule, tant la charpente était faible et les fondations instables…. Il fallait faire quelque chose….. » On me prenait en effet à la genèse de ce grand projet pour un doux rêveur. Il y a pourtant des rêves qui, à force de couver, finissent par éclore et à briser toutes les écailles. En 1998, je revenais de l’Isère là où habitent deux de mes quatre fils. Le Massif de Chartreuse., où je venais de découvrir, non loin du monastère de la Grande Chartreuse, la petite église de St Hugues de Chartreuse…..Il faut visiter ce lieu. C’est un bijou cultuel et touristique de toute beauté.

Je revenais donc de là bas, et, du bout de mon jardin qui domine le village de Gosnay, je contemplais, comme chaque jour, cette vue unique au monde : Deux Chartreuses dans le même village, que Mahaut d’Artois a construites en 1320 et 1328. Patrimoine prestigieux ! Et entre les deux, près du pont sur la Lawe, je voyais la petite église de mon village.

Son clocher était à l’origine, une tour de guet entre les deux Chartreuses construites par les moines chartreux avec les pierres du château de Mahaut, en ruine, comme l’avait constaté Charles Quint. Cette tour est devenue en 1747 le clocher de l’église qui depuis a connu bien des vicissitudes. Comme les deux Chartreuses d’ailleurs, saccagées et vendues comme biens nationaux au cours de la Révolution Française dont les deux Prieurs sont morts martyrs. En 1998, l’église était dans un triste état, malgré les quelques travaux insuffisants effectués par la  municipalité.  Il fallait  absolument  faire  quelque chose !  Je faisais partie de l’ACPG, Association pour la Culture et le Patrimoine de Gosnay, créée en 1995, avec pour projet la sauvegarde de l’église….Nous étions à la veille de l’An 2000 ; en tant que peintre, j’avais envie d’accomplir, d’imaginer quelque chose de fort, de grand pour marquer d’une pierre blanche cette date unique, le deux millième anniversaire de la Naissance du Christ par une grande œuvre que je ferai en vue de l’offrir en donation ensuite à celui qui restaurerait l’église….. Aussitôt j’ai peint une maquette présentant ce que je proposais de réaliser dans cette église. Les peintures, les vitraux, l’aménagement, les couleurs. C’était le 28 Septembre1998. Pierre Defives, le Président de notre Association parut un peu sceptique sur le coup, mais  devant  ma  détermination  et  mon  enthousiasme,  ils  furent  tous  unanimes  pour  me soutenir et m’encourager… Ce fût alors 3000 heures de bénévolat, avec tant de bonnes volontés pour rapproprier tant soit peu le chœur de l’église.

…Et ce fût l’inauguration de la première pierre de ce projet… le 15 Décembre 2000. Vous y étiez, Monseigneur avec Monsieur Joël Fily le Sous – Préfet qui nous a beaucoup aidé alors, et  d’autres  personnalités.  Vous  aviez  dit  ce  jour  là :  Pour  l’An  2000,  voilà  enfin  une réalisation pérenne !! Je ne l’ai pas oublié. Vous avez vu alors se dévoiler lentement les premières  œuvres  des  Cantiques  de  St  Léger  de  Gosnay.  Le  Grand  triptyque  illustrant l’Ancien et le Nouveau Testament encadrant le Christ crucifié et ressuscité. La Nativité et la Cène. Et tous les autres que vous pouvez voir aujourd’hui. …. Après 5 années d’impatience et d’espoir la Communauté de Communes Artois Comm, sous la présidence de Monsieur Alain Wacheux, séduite par la fiabilité et la qualité du projet vota en Décembre 2003, à l’unanimité, le budget pour restaurer et réhabiliter l’église de Gosnay comme étant d’intérêt communautaire afin d’en faire un écrin pour les peintures les vitraux et le mobilier qui s’épanouissaient en elle..     ‘’Les     Cantiques     de     St     Léger     de                                Gosnay’’…… Enfin l’avenir du projet semblait assuré, et le but qui était de sauver l’église, était atteint. Entre 2007 et 2009, les travaux d’Artois Comm furent menés de main de maître par l’architecte Hugues Dewerdt….. C’était un chantier impressionnant. La création des vitraux n’étaient pas encore commencée. Je n’avais jamais fait de vitraux de ma vie. Comme Chagall d’ailleurs, avant d’entreprendre ses 1ers vitraux à Jérusalem. Comme lui, à 70 ans, je me suis engagé dans un stage au Centre International du Vitrail à Chartres, au pied de la Cathédrale. Et ce fût pour moi une véritable découverte, un coup de foudre avec le verre, la couleur, la lumière…..A mon retour, en Avril 2004, j’ai attaqué le 1er vitrail du Cantique du Magnificat ; je ne me suis plus arrêté jusqu’en 2010 avec ‘’Le Baiser’’ du Cantique des Cantiques. C’est alors que j’ai donné un nom à l’ensemble des œuvres de cette Unité d’Art Sacré : ‘’Les Cantiques de St Léger de Gosnay’.

Ce fût une période intense de dessins, de maquettes, de cartons. Le choix des verres aux Verreries Saint Gobain à Paris, les multiples déplacements à Amiens aux ateliers du maître verrier Claude Barre, la pose des verrières brutes avant la grisaille, les échafaudages et les échelles, le froid en hiver, la grisaille cette peinture à l’eau composée de poudre de verre et d’oxyde de fer qui coulait. Le sèche-cheveux dans la main gauche et le pinceau et le chiffon dans la main droite. Je descendais  Il me manquait du recul pour juger de l’effet et je remontais sans cesse En 2007, j’ai fait percer à mes frais une grande verrière de 4 mètres de haut dans mon atelier pour être plus à l’aise. Au soleil la couleur était féérique. Au fur et à mesure des années, la longue fresque des Cantiques s’intensifiait et mes rêves de beauté eurent leur paroxysme dans ce baiser final nous élevant jusqu’au septième ciel….J’avais vu Vermeer,  j’avais  vu  Fra  Angelico  et  Giotto,  j’avais  vu  Rembrandt,  j’avais  vu  Picasso, Chagall, Alechinsky, Camille Claudel et Van Gogh. J’avais vu le Louvre, et le Louvre-Lens, l’Art brut et l’art contemporain. J’avais vu Gauguin et j’avais entendu le bruit sourd de ses sabots sur les pavés de Pont-Aven. J’étais pétri de peinture et je vivais en pensant peinture. De partout, à présent, les visiteurs arrivent. Des centaines de groupes viennent de tous les horizons. Rien que depuis un mois, nous avons accueilli un groupe d’Arras, un autre de Dunkerque, un autre de Lomme, Les Amis du Louvre Lens et, il y a 8 jours des Canadiens du Québec avant les cérémonies de Vimy. Après demain Jeudi, ce sont les Amis du Musée de Boulogne. Et chacun est à l’aise lorsque j’aborde les sujets que j’ai traités. Je leur dit à chaque fois : Je sais très bien que parmi vous, il y a des Chrétiens, des juifs, des musulmans, des athées, des indifférents, des curieux, hostiles peut-être ? A tous les visiteurs, je dis que devant Abraham, cette toile que j’ai repeinte deux fois, je ne suis pas là pour faire du prosélytisme, ni pour convertir, mais pour faire connaître. On ne peut pas aimer ce que l’on ne connait pas. Il y a tant de confusions dans le monde à ce sujet. On a peur parfois de ce que l’on ne connait pas. Regardez Abraham, le Père des trois religions monothéistes, avec l’étoile de David sur la poitrine du petit Isaac, symbole du peuple juif. Et en haut près de l’épaule gauche du patriarche, le Croissant de lune avec l’étoile, symbole de l’Islam. Et l’enfant qui donne la main droite à son papa et de l’autre lui tient son bâton, les bras en croix, symbole du peuple chrétien. Une peinture qui parle, et qui émeut. C’est pour cela que je n’ai pas voulu dans cette église une peinture énigmatique, une peinture qui heurte, qui pose des questions. J’ai voulu une peinture qui donne des réponses. Une peinture qui apaise par des gestes simples, des visages empreints d’Amour, des regards qui vous questionnent. Une peinture que l’on comprend. Pourquoi, cette fille danse-t-elle dans ce vitrail ? Pourquoi des petits renards dans celui-là ? Pourquoi, une bouteille de bordeaux sur la table de Cana ? Pourquoi cette chaise de bistro sur le devant de la Cène ? Et pourquoi des biches et des gazelles devant le Baiser sur le dernier vitrail ? Des choses tellement simples quand l’artiste vous l’explique. Toutes ces années ont été pour moi et pour notre équipe des années de joie, des années d’enthousiasme, le stress de l’artiste aussi, des moments de faiblesse, de doute, de peur, la souffrance d’être incompris….

Je vous propose, pour terminer, de méditer sur ce psaume de David célébré par les trois grandes croyances monothéistes : « …Yahvé Notre-Seigneur qu’il est grand ton nom par toute la terre. Au dessus des cieux ta majesté que chantent des lèvres d’enfants de tout petits. Tu opposes ton lieu fort à l’oppresseur, pour réduire ennemis et rebelles. A voir le ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est donc ce mortel que tu en gardes mémoire, ce fils d’Adam que tu en prennes soucis ? A peine le fis-tu moindre qu’un dieu le couronnant de gloire et de splendeur. Tu l’établis sur l’œuvre de tes mains. Tout fût mis par toi sous ses pieds : brebis et bœufs, tous ensemble, les animaux même sauvages oiseaux du ciel et poissons de la mer parcourant les sentiers des eaux. Yahvé, Notre Seigneur qu’il est grand Ton Nom par toute la terre … » (Psaume 8).

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