Sortie culturelle, architecturale, littéraire et gastronomique du mercredi 31 mai 2023

Journée programmée à l’occasion du 120ième anniversaire de la naissance de Marguerite Yourcenar, femme de lettres, membre de l’Académie Française, (1903-1987).
Sous la conduite de notre présidente Zoya Arrignon, les 15 participants à cette journée ont quitté Arras en minibus et ont atteint les Flandres françaises et la ville de Cassel en tout début de matinée. Ils ont commencé cette journée par une visite guidée de la ville.
La ville de Cassel
Avec ses 176 mètres d’altitude (« L’Himalaya des Flandres » !), le Mont Cassel est une butte-témoin, relique de l’ère tertiaire, qui domine l’immense étendue des riches terres des Flandres maritimes, françaises et belges. Dès l’antiquité romaine, la ville est un espace fortifié. Elle en tire sa dénomination : Castellum devenu Cassel. Très tôt, Cassel est un des très grands nœuds routiers de la Gaule. Aujourd’hui encore, nous sommes frappés d’apercevoir, avec beaucoup de netteté, dans l’immense paysage des plaines que l’on découvre du sommet, le tracé continu et rectiligne des anciennes voies romaines qui rayonnent autour de la ville.
Grand lieu d’échange des circulations, la ville a aussi été, durant des siècles, le théâtre de nombreuses batailles, de nombreuses destructions, incendies ou saccages, dont, en dernier lieu, ceux de la dernière guerre mondiale lors du repli sur Dunkerque des forces alliées.
Le parcours de la ville nous donne les témoignages de cette histoire au travers des bâtiments anciens encore présents, des vestiges ou des monuments commémoratifs.
Le 19ième siècle et le 20ième siècle ont été marqués par le démarrage des activités touristiques : nous nous risquons ainsi à escalader une divertissante mais périlleuse « rampe alpine », architecture de rocaille en ciment, typique de la fin du 19ième siècle comme on peut en trouver aux Buttes Chaumont à Paris. Nous nous amusons aussi à contempler un moulin à vent datant du 18ème siècle, acheté et transporté par le syndicat d’initiative en 1947 pour remplacer son ancêtre du 16ième siècle, brûlé en 1911. Cassel comptait 24 moulins au début du 20ième siècle !

L’hôtel Renaissance de la Noble Cour, construit au 16ième siècle, a été anciennement le siège de la châtellenie de Cassel et de la Cour de Justice de Cassel jusqu’à la Révolution. Il abrite depuis 2010 le musée départemental de Flandre d’art, d’histoire et de folklore.
Nous entreprenons la visite de ce musée afin de découvrir la nouvelle et dernière exposition temporaire intitulée « Silence et Résonance », de l’artiste belge plasticien Hans Op de Beeck.

Sur le thème « Quand l’art de Hans Op de Beeck rencontre les Maîtres flamands » le musée de Flandre propose un dialogue entre quelques unes de ses riches collections permanentes et un choix d’œuvres de l’artiste contemporain, né près d’Anvers en 1969, très connu et très apprécié dans son pays et dans les expositions internationales (168 000 visiteurs à Helsinki en 2023).

Le jardin du Mont des Récollets

Notre visite de Cassel se poursuit au Mont des Récollets pour y découvrir un jardin maniériste « à la flamande ». Nous sommes accueillis par Monsieur Emmanuel de Quillacq, architecte-paysagiste, diplômé de l’école des paysagistes de Versailles, restaurateur, artisan, créateur…Extraordinaire conteur, il nous communique sa passion de la nature, des jardins, des paysages, du patrimoine, de la géographie, de l’art et de l’histoire.
Un tout premier moment est consacré à une présentation générale à l’intérieur de l’estaminet installé par Emmanuel de Quillacq au cœur de son jardin. Nous dégustons avec ravissement un apéritif de sa conception, dont la recette, à base de chicorée, ne nous sera cependant pas révélée.
Les terres que nous visitons (1,5 hectare) sont celles de la ferme familiale que possédait l’arrière-grand-père de Emmanuel de Quillacq en 1890. Ces terres ont été détruites entre 1940 et 1943 par les bombardements. Il les a reprises en 1980 dans l’état d’abandon où elles se trouvaient alors, avec la volonté d’inventer et d’installer un « jardin à la flamande ».
Son idée est d’organiser son jardin en différentes pièces ayant la forme de carrés ou de rectangles : ce sont 15 à 20 «
chambres de verdure » entre lesquelles on circule au travers de trouées ou de portails végétaux pour découvrir des espaces temporels et picturaux différents, s’inspirant de l’histoire de l’art et des toiles flamandes comme celles de Bruegel, de la Renaissance, du maniérisme, ou de périodes classiques et contemporaines.
La gaîté et la fantaisie des fêtes et carnavals ainsi que l’esprit flamand doivent s’y retrouver. Les herbes doivent se mélanger aux narcisses et aux tulipes, les plantes sauvages se mêler aux plantes de culture. Aux jardins potagers succèdent les vergers avec les pommes à couper comme la « Cabarette », une pomme très goûteuse. L’architecture des tableaux est complétée par des figures topiaires de tous genres, des berlingots ou cubes de buis taillés de façon non uniforme selon le désir des plantes. Les paysages d’arrière-plan de ces tableaux sont les vallonnements harmonieux, boisés ou herbacés, de la Flandre. Le jardin est maintenant classé « Jardin remarquable ».

Le musée Marguerite Yourcenar à Saint-Jans-Cappel

Après le déjeuner au restaurant « Au Koning Van Peene » à Zuypteene à 5km de Cassel, nous partons à Saint-Jans-Cappel pour une visite du musée communal de Marguerite Yourcenar.
Le musée est installé dans l‘ancienne mairie de Saint-Jans-Cappel. Il a été inauguré le 29 septembre 1985 en présence de Maurice Schumann, Président fondateur de notre délégation. Il est tenu par une association fondée en 1980 par un instituteur, Monsieur Louis Sonneville. C’est l’actuelle Présidente, Madame Edith Dequeker, qui nous fait l’honneur de la présentation des différentes pièces de collection de ce musée.

La première salle présente l’enfance de l’auteure, à travers des photographies et des documents originaux. La deuxième salle présente une reconstitution de son bureau de Petite Plaisance, sa résidence aux Etats-Unis où elle écrivit ses plus célèbres romans : Mémoires d’Hadrien et l’Œuvre au Noir. Nous découvrons avec émotion le plumier et quelques feuilles originales écrites de la main de l’auteure ainsi que sa machine à écrire.

Enfin, la dernière salle relate les circonstances de son élection en 1980 à l’Académie française (première femme reçue !) ainsi que son engagement en faveur de l’écologie, la préservation de l’environnement et la protection des animaux.
Nous terminons la visite en visionnant un film documentaire, « L’Œuvre au Noir », réalisé par André Delvaux en 1988 et produit par la RTBF.

Esquisse de la tenue d’académicienne par Yves Saint-Laurent

La Villa Marguerite Yourcenar.

Notre dernier déplacement se fait en direction du parc Marguerite Yourcenar où l’auteure passa les neuf premières années de sa jeunesse avec sa famille de Crayencour (dont Yourcenar est l’anagramme ).Au cœur de cet espace classé naturel sensible, niché dans un vallon verdoyant sur les pentes du mont Noir (131 mètres au sommet), en suivant un sentier boisé jalonné de textes de poésie, nous découvrons une magnifique demeure : construite en 1930, acquise en même temps que le parc par le département du Nord, la Villa Marguerite Yourcenar est devenue en 1997 une résidence d’écritures.

Nous sommes accueillis par Madame Marianne Petit, directrice de la résidence. L’institution a pour mission de permettre à des autrices ou auteurs depoursuivre en toute quiétude leur travail de création et, en même temps, de favoriser des rencontres entre les écrivains en séjour et différents publics, en particulier des publics scolaires. La Villa accueille trois auteurs par mois. Elle offre à ses résidents et à ses publics son site exceptionnel et son message d’attachement à la nature et à la création littéraire. Compte tenu de son lien étroit avec l’écrivaine Marguerite Yourcenar la Villa a reçu le label « Maison des Illustres ».

La visite se clôt par une coupe de Champagne prise sur la terrasse ensoleillée de la Villa, face au spectacle enchanteur du jardin et de la nature.