Compte rendu de notre déjeuner littéraire du jeudi 28 septembre 2023 avec Monsieur Abel Douay.

Zoya Arrignon, Présidente de la Délégation nous accueille pour ce déjeuner littéraire d’automne.

Avant de nous présenter notre invité, elle souhaite nous informer des prochaines manifestations :

  • Le Jeudi 12 octobre 2023, elle assistera au Conseil d’Administration de la Renaissance Française qui se tiendra à la Maison de la Région Grand Est et de la Sarre à Paris.
  • Le 18 octobre 2023, nous nous retrouverons au Centre de conservation du Louvre à Liévin à l’occasion de la cérémonie de remise de la Médaille du Rayonnement Culturel à sa directrice, Madame Marie-Lys Marguerite. Cette cérémonie sera suivie d’une visite privée du Centre qui nous sera offerte par Madame Marguerite.
  • Jeudi 16 novembre 2023 à Arras, nous recevrons Madame Hélène TIERCHANT pour notre traditionnel déjeuner littéraire. Madame TIERCHANT viendra nous présenter son dernier ouvrage « Sarah Bernhardt : scandaleuse et indomptable » paru en 2023 aux éditions Tallandier.

Pour compléter notre sortie à Cassel, au mois de juin dernier, notre Présidente nous annonce la parution du nouveau roman de notre amie Annie DEGROOTE « La petite Brueghel » paru aux éditions Page à page. Annie est membre de notre délégation et lauréate de la Renaissance Française. Au nom de vous tous, nous la félicitons pour cette nouvelle parution. Le roman est en vente dans les lieux culturels du Nord : musée de Flandre, Musée Matisse, Villa Mont Noir etc. 

L’année 2023 est l’année du 150ème anniversaire de la disparition de Charles Louis Napoléon Bonaparte, Napoléon III, celui qui fut le Premier Président de la République et le dernier Empereur des Français.

Jusqu’à nos jours, pour la plupart des Français, l’image de Napoléon III reste négative.  À tel point qu’en 2008, le bicentenaire de la naissance de Napoléon III est passé presque inaperçu en France. Le gouvernement français se limite à une cérémonie modeste à Biarritz, ville qui doit son ascension à Napoléon III et à l’Impératrice Eugénie. Le ministère de la Défense a seulement envoyé une petite délégation à Farnborough en Grande Bretagne pour assister à la messe devant le tombeau de Napoléon III.   Cette perception négative remonte à son époque. L’écrivain Victor Hugo le qualifiait de « nain immonde » pendant que Karl Marx critiquait férocement son régime. Ces appréciations provenant de personnalités imminentes ont influencé les historiens qui n’ont pas osé contredire ces versions et remettre en cause ces jugements calomnieux.

Parmi les opposants célèbres figure également l’écrivain Émile Zola. Dans son roman « Nana », il va jusqu’à comparer le Second Empire à une prostituée. C’est seulement à la fin de sa vie, qu’Émile Zola changera complétement d’opinion.

Malgré ces critiques, Napoléon III est un homme qui a fait de la France et des Français sa raison de vivre. Dénommé l’Empereur social, il était très proche du peuple. Il disait d’ailleurs que ses « amis les plus sincères ne sont pas dans les palais mais dans les ateliers et les campagnes ». C’est à lui que Paris doit son rayonnement. Grâce à lui Paris devient alors une « Capitale mondiale ». C’est à cette époque que débute la construction de l’Opéra Garnier. 

C’était également un fin stratège et diplomate. Grâce à lui, la France devient « l’arbitre de l’Europe » et même « l’arbitre du monde » dont l’opinion comptait lors de décisions stratégiques internationales. 

C’est à lui que nous devons l’apaisement durant la guerre de Crimée, la signature du traité de paix et l’apaisement dans les relations avec la Russie.

« Les hommes sont souvent injustes envers ceux qui leur ont fait plus de bien » écrivait Napoléon III, 20 ans avant de devenir l’Empereur des Français. Il ne pouvait jamais imaginer que cette phrase deviendrait prémonitoire. 

Aujourd’hui nous avons le plaisir d’accueillir Monsieur Abel DOUAY, descendant d’une illustre famille de généraux d’Empire pour réhabiliter la mémoire de cet Empereur très peu connu en France.

Jean-Michel Declercq, membre de notre délégation, nous présente Monsieur Abel Douay. Originaire du nord, il est historien et conférencier, il est membre depuis plus de 30 ans du Souvenir Napoléonien et de la Société Historique des Amis de Napoléon III, de laquelle il a assuré la présidence jusqu’en mars 2021.

Il est le descendant direct de Schulmeister, de la famille des généraux Douay, cousin de Charles Colonna Walewski. La vie de sa famille se confond avec l’histoire des deux empires.

Il a publié plusieurs ouvrages sur les Premier et Second Empire, notamment « Napoléon III et la Roumanie et l’influence de la franc-maçonnerie », « Les Douay et leurs alliances au service des Premier et Second Empires », « Franc-maçonnerie et Sociétés Secrètes prussiennes contre Napoléon », « Schulmeister dans les coulisses de la grande armée » et en cette année 2023 “Napoléon III révélé, la réhabilitation d’un empereur” qu’il nous présente aujourd’hui.

Le premier Président de la République fut longtemps victime d’une image négative, propagée notamment par certains de ses célèbres détracteurs (dont Karl Marx et Victor Hugo). Mais cette « légende noire » est remise en cause, y compris au niveau universitaire. Il importe désormais de faire connaître les résultats de cette « relecture ». Dévoué à son pays, au mieux-être de ses habitants, il permit à la France de retrouver une position internationale de premier ordre et transforma profondément Paris. Le 150e anniversaire de sa disparition n’a pas donné lieu à d’importantes manifestations et l’auteur, descendant de son aide de camp, s’efforce de rétablir une appréciation plus équilibrée de son action.

Très tôt engagé en politique, les débuts de son parcours apparaissent parfois mouvementés, avec notamment les tentatives de prise du pouvoir de Strasbourg en 1836 et de Boulogne-sur-Mer en 1840, son évasion de la prison du fort d’Ham et son exil à Londres. Après la révolution de février 1848 et la chute de la royauté en France, il est élu à l’assemblée constituante mais ne revient pas tout de suite en France. Il reste donc extérieur aux journées de juin consécutives à la fermeture des Ateliers Nationaux.

Réélu en septembre 1848 comme député, Louis-Napoléon Bonaparte est alors proche de Victor Hugo et devient le premier Président élu de la Seconde République. Mais, limité par un mandat de quatre ans, il remporte le plébiscite qui lui permet de changer la constitution et de préparer le retour à l’empire le 2 décembre 1852. Victor Hugo s’exile et appelle à une véritable résistance. Il multiplie les écrits hostiles : « Napoléon Ier » en 1851,  « Napoléon le Petit » en 1852, « Histoire d’un crime » en 1877 et « Les châtiments » dès 1853. Une partie de cette hostilité vient aussi probablement des décisions prises au sujet de l’Instruction Publique dont le ministère échappe à Victor Hugo. Elle s’entretient aussi des rumeurs qui circulent sur la paternité de Napoléon III.

Véritable saint-simonien, il favorise l’amélioration de la condition ouvrière avec l’instauration du droit de grève par exemple.

Il développe une politique extérieure active au moment de la guerre de Crimée et à l’occasion du congrès de Paris en 1856. Ainsi, en favorisant l’autonomie de la Moldavie et de la Valachie qui dépendaient de la Sublime Porte, il contribue à la naissance de la Roumanie. Il favorise la diffusion de la franc-maçonnerie et des idées des Lumières. Loin de l’image d’un Congrès qui s’amuse et d’une fête impériale qui donne lieu à quelques débordements, la France redevient un arbitre en Europe et un des pays les plus respectés. Il aide également à l’unité italienne en faisant reculer l’Autriche, ce qui permet le rattachement à la France du comté de Nice et de la Savoie, après plébiscites. Napoléon III fait également participer la France aux opérations militaires qui se déroulent en Chine sous l’égide de la Grande-Bretagne, contribuant ainsi aux développements coloniaux français vers la future Indochine. Au Liban, la France obtient de pouvoir aider les chrétiens contre les druzes, inaugurant en quelque sorte la première ingérence humanitaire dans l’empire ottoman. Certes, le rêve mexicain ne donne pas les résultats espérés mais, en 1869, l’impératrice représente son mari pour l’inauguration du canal de Suez.

Le temps manque malheureusement à l’intervenant pour aborder d’autres sujets mais l’auditoire apprécie particulièrement ce travail très documenté et très précis, qui renouvelle grandement l’image traditionnelle transmise par l’historiographie de la IIIème  République.