Visite du chantier archéologique de la rue Abel Bergaigne à Arras le 30 octobre 2025

Notre groupe est accueilli par Mathieu Beghin, responsable du service Archéologie de la ville d’Arras qui sera notre guide.

La rue Abel Bergaigne est devenue le théâtre d’une aventure hors du commun. Depuis le 24 juillet 2025, les agents du service archéologie municipal épaulés par des archéologues venus des quatre coins de France, fouillent un vaste terrain de 3 200 m2 (anciennement les bâtiments Unartois et la gare interurbaine).

Ce chantier d’une ampleur exceptionnelle, transforme un espace ordinaire en véritable capsule temporelle. Chaque jour, les truelles, les pinceaux et les outils de mesure réveillent des fragments d’histoire restés enfouis depuis des siècles.                  

C’est l’un des plus vastes chantiers de fouilles mené à Arras ces 20 dernières années.

Ce site raconte une histoire mouvementée, dès le XIIIème siècle, ce faubourg hors les murs de la ville, qui échappait ainsi aux règles imposées à l’intérieur de la ville fortifiée (taille des habitations, utilisation de l’alcool…) connaît une occupation dense. Il est détruit en1640, lors du siège d’Arras. Abandonné, il reprendra vie au XVIIIème siècle, avant de subir les ravages de la première guerre mondiale. Chaque découverte offre un nouvel éclairage sur ce quartier, témoignant de son évolution à travers le temps.

Ce chantier, exceptionnel par son étendue et sa situation, dévoile un passé riche et surprenant. Les fours à chaux et les galeries d’extraction de craie témoignent de l’activité industrielle qui animait autrefois ce quartier, tandis qu’une chaussée de 10 mètres de large (ralliant Arras à Achicourt) et de nombreuses caves rappellent l’organisation de la vie urbaine.

Ces découvertes sont corroborées par le plan, datant de 1545, de Jacob Van Deventer, un arpenteur géographe qui travaillait au service de Charles Quint et de Philippe II d’Espagne.

Les archéologues ont aussi mis au jour, entre autres, des fragments de céramiques, les restes d’un cadran solaire portatif en ivoire et bronze, des carreaux de ciments décorés, une monnaie du XVIIIème siècle, ce qui fait penser, qu’il y avait un habitat cossu. Également trouvés, des ossements humains mais aussi de chats et de chiens.

Il reste encore à fouiller les jardins des maisons, car, à l’époque, les habitants y enterraient leurs détritus en bout de parcelle. Ils espèrent trouver, peut-être, des restes de gibier, de poisson, mais aussi des pépins et des noyaux permettant de recomposer le régime alimentaire et le mode de vie de l’époque.

Dès janvier 2026, le site disparaitra avec le début du chantier de construction du futur siège du Crédit Agricole dans le cadre du « Masterplan Gare », superposant une histoire contemporaine à celles déjà gravées dans le sol.