En savoir plus sur le Trion à cordes des solistes de l’orchestre symphonique de Douai.
Chers amis,
Je suis très heureuse de vous accueillir dans les salons du Manoir de Marcq-en-Barœul, un lieu historique, une vitrine de l’héritage culturel et architectural du Nord de la France. Cette demeure construite en 1927 était la résidence principale de la famille TIBERGHIEN, pionniers de l’industrie textile. C’est aussi dans ce lieu, que nous avons organisé nos premiers déjeuners littéraires.
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour célébrer
le 40ème anniversaire de notre délégation.
Créée en 1982 par Maurice Schumann, elle est l’une de plus anciennes délégations de la Renaissance Française. Elle
a repris son activité en 2010, grâce au Professeur Jean-Pierre Arrignon qui fut son président jusqu’à sa disparition le
13 avril 2021. Ces deux Hommes ont su faire de notre délégation, l’une des plus rayonnantes, l’une des plus actives
et l’une des plus dynamiques.
La Renaissance Française est une grande famille. Je vous remercie tous d’être présents à nos côtés pour célébrer cet
événement et suis très heureuse d’accueillir parmi nous les représentants d’autres délégations qui nous font l’honneur d’être présents : Monsieur Denis Fadda, Président de la Renaissance Française et son épouse, Monsieur Georges Latreyte, Secrétaire Général honoraire et son épouse, Madame Ayten Inan, Présidente de la délégation du Grand Paris, Monsieur Dominique-Henri Perrin, Président de la délégation de Languedoc-Roussillon et son épouse. Je remercie Madame Aurélie Luneau, qui connaissait personnellement Maurice Schumann d’être présente avec nous aujourd’hui. Elle évoquera, lors de sa conférence, la mémoire de notre premier président.
Je suis également ravie d’accueillir parmi nous aujourd’hui nos nombreux amis qui sont venus de différents coins du
Nord/Pas-de-Calais pour célébrer avec nous cet événement.
Discours de M. Denis FADDA, Président International de la Renaissance Française
Je suis heureux de me retrouver avec vous en ce jour si important de la célébration du quarantième anniversaire de la naissance de la délégation de La Renaissance Française du Nord-Pas-deCalais. Le vingtième anniversaire avait déjà été célébré et j’espère que bien d’autres encore le seront. Un anniversaire comme celui-ci, c’est l’occasion de se souvenir et de rendre hommage à ceux
qui ont œuvré pour tracer le chemin qui nous conduit à être ensemble aujourd’hui et c’est aussi rappeler les actions dont ils ont été les promoteurs.
A l’origine de la délégation, il y a le préfet Roger Dumoulin. Président de La Renaissance Française. Il succède au président Christian Lobut et au président Pierre-Marcel Wiltzer qui appartient à une famille liée à La Renaissance Française depuis ses origines. Tous deux ont engagé, à partir des années 1970, une politique de développement des délégations. Le président Dumoulin est dans cette ligne et il donne une nouvelle impulsion à La Renaissance Française. C’est lui qui mobilise Maurice Schumann dont il est proche et c’est Maurice Schumann qui crée la délégation du Nord-Pas-de-Calais en s’entourant de personnalités remarquables : Règnery, Rouvillain, Roussel, plus tard, Michaux. Règnery, directeur des affaires culturelles des deux départements, joue un rôle particulièrement important dans la création de la délégation faisant preuve d’un dévouement exemplaire. Son nom ne doit pas être oublié.
Maurice Schumann, journaliste, écrivain, la « Voix de la France » à Londres, député du Nord, sénateur, plusieurs fois
ministres, notamment en charge des Affaires étrangères durant près de cinq ans, a connu, lorsqu’ il était au début de
sa carrière de journaliste, notre président fondateur, Raymond Poincaré. Il évoqua d’ailleurs avec chaleur ses liens
avec le Président Poincaré à l’occasion des fêtes du quatre-vingtième anniversaire de la fondation de La Renaissance
Française. Académicien, il est devenu président d’honneur de notre institution. Notre Président d’honneur actuel, le
Chancelier Gabriel de Broglie, a été très proche de Maurice Schumann ; il a appartenu à son cabinet. Quant à Simone
Veil, qui a succédé à Maurice Schumann dans ses fonctions de président d’honneur, elle a occupé à l’Académie française le fauteuil voisin de celui du chancelier de Broglie auquel elle était très liée. Nous voyons combien La Renaissance Française est constituée d’une chaîne cohérente de filiations qu’il nous revient de perpétuer.
En 2010, alors que le préfet Guerrier de Dumast, successeur du préfet Dumoulin, préside aux destinées de La Renaissance Française, le professeur Jean-Pierre Arrignon est nommé président de la délégation. Universitaire, auteur de nombreux travaux qui font autorité, éminent spécialiste de l’histoire de la Russie, des mondes slave et byzantin, homme de devoir et d’engagement, il va donner un nouvel élan à la délégation.
Au fil de son existence, la délégation multiplie et diversifie les activités culturelles : elle donne des concerts, organise
des conférences, des colloques, des expositions, et propose des concours littéraires autant aux « scolaires » qu’aux
adultes. Les concours scolaires ont un succès particulier et mobilisent jusqu’à près de 1500 élèves issus de quelque 70 établissements, dont certains situés en Belgique, au Luxembourg, en Ukraine, en Allemagne, en Espagne, au Sénégal, vivifiant la dimension internationale de La Renaissance Française.
Jean-Pierre Arrignon s’est inscrit dans la filiation que nous avons évoquée, maintenant cet esprit d’ouverture et de dialogue auquel nous sommes tant attachés et a donné une réelle impulsion à la délégation. Il a particulièrement agi dans le domaine de la littérature, faisant venir des écrivains remarquables comme l’académicien Andreï Makine.
Il avait le souci de faire connaître et reconnaître des artistes ou artisans d’art dans les domaines les plus variés, dont la musique et la mode et il savait transmettre son enthousiasme. Sans aucun doute, il va inspirer sa délégation bien longtemps encore.
Longue vie à la délégation du Nord-Pas-de-Calais, désormais présidée par Zoya Arrignon, qui vient juste d’être
nommée dans cette fonction et à qui j’adresse mes vœux les plus sincères de succès.
Pour composer le programme musical et littéraire, nous avons tenu compte des missions de notre association que sont : la promotion de la francophonie, de la langue française et de la culture française ; la promotion du savoir-faire français et de nos régions. Nous avons également souhaité mettre en lumière le talent de nos membres et de nos lauréats.
La première page du livret est illustrée par le tableau « Partita » de Michel CHEMIN, lauréat de la Renaissance Française, artiste-peintre boulonnais, dont le talent a largement dépassé les frontières françaises. Il a accompagné ce tableau d’un magnifique texte qu’il a dédié à la mémoire du
Professeur Jean-Pierre ARRIGNON : « La musique nous grandit, élève notre âme, nous permet de toucher le ciel et de pressentir l’infinie ». En avril 2011, nous avons organisé à Dainville, l’exposition de Michel Chemin intitulé « Le Chant d’Orphée ». C’était l’une de nos premières manifestations. D’ailleurs, un des tableaux de cette exposition décore le menu de notre déjeuner du jour.
Discours de Mme Ayten INAN Présidente de la Délégation du Grand Paris
Mon Dieu ! comme cela fait du bien de quitter Paris !
De venir respirer l’air de cette belle ville et de nous retrouver ici, tous réunis.
J’ai l’impression que c’est comme un printemps précoce et sachez que cela me réjouit le cœur d’être parmi vous aujourd’hui, pour célébrer les 40 ans de la Délégation du Nord-Pas-de-Calais de La Renaissance Française.
Et, comment ne pas y associer la mémoire de notre cher Jean-Pierre Arrignon, qui en fut le si généreux, le si élégant, le si intelligemment délicat Président.
Chère Zoya, chers membres de la Délégation Nord/Pas-de-Calais,
Soyez infiniment remerciés de cette initiative qui nous offre en ce jour l’opportunité d’être ensemble.
Ce n’est pas la Présidente de la RF du Grand Paris qui vous parle aujourd’hui, mais la Déléguée à la musique.
Or, avant de vous présenter les jeunes artistes qui m’accompagnent, je voudrais partager avec vous une petite anecdote qui m’est revenue en mémoire. Lors d’une réception que nous organisions à la Fédération André Maginot, peu de temps avant la disparition de Jean-Pierre, il s’est approché de moi avec sa bienveillance habituelle, pour me demander sur quelles œuvres je travaillais alors. Et, je me souviens lui avoir répondu
- “Un Ave Maria pour quatuor à cordes et un soliste ténor” ; et lui de me répondre
- “Un Ave Maria ? Magnifique! j’espère avoir la joie d’entendre votre composition !”
Jean-Pierre, mon cher Jean-Pierre,
Je n’aurais malheureusement pas eu la joie de vous l’interpréter, face à vous,
Alors, c’est emprunt d’une émotion très vive qu’avec Julia Maiche, soprano et Mathieu Ebring, baryton-basse,
tous deux élèves de conservatoires parisiens, de jeunes talents très prometteurs, que nous allons le faire en votre
mémoire.
Pour commencer les deux chanteurs vont vous interpréter “Pleurs d’or” de Gabriel.Fauré, sur un poème de Albert Samain. Le titre original du poème d’Albert Samain est “Larmes”, mais Fauré avait déjà donné ce titre à une mélodie composée en 1888 sur un texte de Jean Richepin. “Larmes” s’est donc transformé en “Pleurs d’or”.
Je vous souhaite à toutes & tous,
Une très belle cérémonie.
La première œuvre « la Valse de la Sensée » est écrite par notre ami Omar YAGOUBI, lauréat de la Renaissance Française, chef d’orchestre, pianiste et compositeur. Le Nord/Pas-de-Calais était un grand champ de bataille lors de la Première Guerre mondiale. Notre région est un lieu de mémoire et de la commémoration pour plusieurs nations. La Renaissance Française a été également créée par Raymond POINCARE, Président de la République, en 1915, en pleine guerre 14-18. Omar YAGOUBI a écrit cette œuvre pour les commémorations de la Grande Guerre. Monsieur Omar YAGOUBI n’a pas pu être présent aujourd’hui mais il m’a demandé de lire ce petit message d’amitié.
« Chers amis,
Cette œuvre fut choisie par le Conseil Régional pour accompagner musicalement les « Chemins de mémoire 14-
18 » dans le cadre du Centenaire de la Grande Guerre ; elle fut interprétée à maintes reprises lors d’événements
qui jalonnèrent notre région par de très talentueux musiciens.
J’ai tissé les cordes de ce trio aux sources de la rivière « La Sensée » où je demeure ; la nostalgie de son thème
fait écho à mes origines slaves par ma mère, mais aussi à mon grand-père paternel, tirailleur algérien venu en
1914 pour défendre la France.
Je dédie aujourd’hui cette valse à la mémoire de M. Jean-Pierre Arrignon, Président de la délégation Nord/Pas-de
-Calais qui nous a quitté et que j’ai eu le grand privilège de connaître.
Un homme sans mémoire est fragile comme un arbre sans racines.
Omar Yagoubi »
Nous avons souhaité terminer notre partie musicale par une œuvre symbolisant la France à travers le monde.
« L’hymne à l’amour », écrit en 1950 par Marguerite MONOT et Edith PIAF, est considéré comme la chanson d’amour francophone préférée des Français. A l’étranger, « L’Hymne à l’amour », tout comme Edith PIAF, sont considérés comme les symboles de la France. Cette chanson a été reprise et adaptée dans différentes langues : anglais, japonais, espagnole, italien, serbe, danois etc. En langue russe, cette belle chanson a été traduite par Nathalia KANTCHALOVS KAYA et interprétée par Guéléna VELIKANOVA en 1967.
Notre premier déjeuner littéraire a eu lieu il y a 10 ans, en avril 2011. Notre premier invité était le Professeur Alain BOURNAZEL venu nous présenter son remarquable ouvrage intitulé « Jeanne d’Arc ». Même s’il s’agit aujourd’hui d’un évènement anniversaire, nous avons tenu à conserver un moment littéraire.
Nous avons le plaisir et la joie d’accueillir Madame Aurélie LUNEAU qui connaissait très bien Maurice SCHUMANN.
Madame LUNEAU nous présente aujourd’hui son dernier ouvrage intitulé « Appel du 18 juin » paru aux éditions Flammarion en 2020. Cet ouvrage est consacré à un autre grand personnage de la France mais aussi de notre région le Général Charles de Gaulle, « l’homme qui était habité par une passion, celle de la France ».
Maurice Schumann rejoint le général de Gaulle à Londres dès juin 1940 et devient le porte-parole de la France
libre. Il sera une des voix emblématiques sur Radio Londres durant tout le conflit.
Au délà de l’appel du 18 juin 1940 Aurélie Luneau nous montre l’importance de la guerre des ondes, comment
toutes ces radios, la BBC, radio Paris, radio Stuttgart, etc…. étaient des armes de propagande pour certaines,
d’informations et de divertissements. Comment cet appel du 18 juin à traverser les décennies et les générations.
Selon la tradition, pour remercier nos conférenciers nous leur offrons un livre.
Dans cette remarquable conférence, qui rendait hommage à notre président Maurice SCHUMANN mais aussi au président Charles de Gaulle ; l’homme qui rêvait d’une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural.
Dans la continuité de cette pensée, Zoya Arrignon a offert le dernier ouvrage de notre feu président le Professeur JeanPierre ARRIGNON « Une Histoire de la Russie » paru aux éditions Perrin en septembre 2021.
Lui aussi était convaincu que l’Europe devait s’allier à la Russie. Son ouvrage se termine d’ailleurs par cette phrase pleine d’espoir : « l’Europe, porteuse de la multipolarité, devrait se rapprocher de la Russie, pour ouvrir entre les deux géants une troisième voie plus démocratique, humanitaire, sociale et écologique… »
La Renaissance Française fête ses quarante ans – Voix du Nord du 12 février 2022.